
Adjugé : 137 000 € |
Découvert par artexpertise.fr et cabinet d’expertise Alexis Maréchal, ce tableau inédit était présenté dans une vente aux enchères consacrée à la peinture Bordelaise et du Sud Ouest.
Sur une estimation de 50.000/70.000 euros, notre oeuvre de Albert Marquet trouvait preneur à 137 000 euros
Albert MARQUET (1875-1947)
Bassin d’Arcachon, jardin au Pyla, 1935.
Huile sur panneau signée en bas à droite
annotée au verso « Jardin Pyla 23 IIC » et datée « 35 ». 33 x 41 cm
Estimation : 50 000/70 000 €
Provenance :
– Marcelle Marquet.
– Katia Granoff, par échange avec Madame Marquet vers 1948. – Collection particulière France à partir de 1948.
Un courrier de Katia Granoff 13 décembre 1948 authentifiant l’oeuvre sera remis à l’acquéreur.
Cette oeuvre est accompagnée d’une Attestation d’inclusion du Wildenstein Institute et sera incluse dans le Catalogue Raisonné digital de Albert Marquet, actuellement en préparation sous l’égide du Wildenstein Plattner Institute
Albert Marquet : « Jardin au Pyla, 1935«
Maître incontesté de la peinture française, Albert Marquet, « le plus sage des Fauves », est un grand peintre de l’eau. Au cours de l’été 1935, après une intense activité parisienne, il séjourne au Pyla, et revient à l’un de ses thèmes fétiche.
Le 2 août 1935, il écrit à Matisse : « il fait beau et frais sur le Bassin d’Arcachon. Si tu viens y faire un tour, tu me trouveras villa Robinson à Pyla-sur-Mer ».
De ces deux mois passés dans ce lieu, témoigne sa femme Marcelle : « Nous louâmes une maison dans les pins, qu’un petit escalier de bois reliait à la plage. Des bateaux à voile circulaient là du matin au soir sur une eau le plus souvent calme. A marée basse, une plus grande étendue de sable blond nous en séparait, mais si lumineux qu’il semblait fait pour mettre en valeur les jeux auxquels, pour notre enchantement, elle s’abandonnait. Des baigneurs, souvent des enfants, servaient sans s’en douter de modèles à Marquet, aussi des pêcheurs. A cette époque, en 1935, Le Pyla put lui accorder la tranquillité qu’il recherchait. Nous le quittâmes au moment où la lumière de l’été commença à fléchir ».
Au cours de cette période, où il fait découvrir le Bassin à Marcelle, l’artiste se délasse, observe, et travaille. Il réalise une trentaine d’œuvres, dont ce panneau, que l’on se permettra de préférer, pour son harmonie imprégnée du souvenir de Corot, la magie de sa lumière opalescente et pour son envoutant mystère, à Jardin au Pyla conservé au musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
Le peintre marque plusieurs différences : si la vue surplombe la mer selon son habitude, le point de vue se décale légèrement pour laisser deviner la presqu’île du Cap-Ferret. La valeur plus sombre des troncs à contrejour – signalant une heure proche de la fin du jour -, accuse par contraste l’éclat de l’eau et du ciel.
Négligeant l’anecdote de la femme regardant les nageurs qui s’ébrouent, Marquet supprime tout personnage. Il ne représente plus que cinq pins au lieu de sept, et le tronc de l’un d’entre eux se confond avec celui qui le précède. Mais surtout, le peintre recherche une scansion musicale de l’espace, créée par l’entrecolonnement des troncs, absente dans la toile du musée. Ce goût du rythme, cette volonté de simplifier vont dans le sens d’une épure. L’animation de la vue est donnée par la voile solitaire, motif central, et par les vaguelettes qui agitent la surface de l’eau.
Ici, Marquet décante sa vision. La couleur de l’océan s’allège pour prendre une teinte d’une pâleur indéfinissable, presque transparente. Le ciel semble lavé comme s’il s’agissait d’une aquarelle.
Plus que jamais s’impose ici la comparaison avec l’art des estampes japonaises qui a pu faire dire à Matisse dans un entretien accordé au Point en décembre 1943: « Ce que je peux en dire c’est que lorsque je vois Hokusai, je pense à notre Marquet – et vice versa – je n’entends pas imitation d’Hokusai mais similitudes ».
JR Soubirran