La Maison de ventes aux enchères TAJAN, assistée du Cabinet de Bayser, expert en dessins, a eu la grande émotion en Mars 2016, de découvrir une étude de Léonard de Vinci représentant Saint Sébastien.

Conservée, dans un carton à dessins par une famille bibliophile française, jusqu’à aujourd’hui, cette redécouverte importante dans le corpus de l’artiste, intervient alors que l’on célèbre le 500ème anniversaire de sa mort.

La vente aux enchères se tiendra, à Paris, à l’espace Tajan, le 19 juin 2019.

Cet évènement historique, sur le marché de l’art, sera une opportunité unique, pour les collectionneurs, d’acquérir un rare Chef d’Oeuvre du génie toscan.

Au recto, cette œuvre graphique sur papier à la plume et encre brune présente le martyre de Saint Sébastien attaché à un arbre ; il y fut transpercé de èches sur ordre de Dioclétien pour avoir exhorté des amis à rester dèles à leur foi.

Le Codex Atlanticus2, dans lequel Léonard de Vinci a dressé la liste des œuvres en sa possession, mentionne «8 sa(n) Bastiani». Deux étaient à ce jour identifés :

– une étude au crayon noir (14,8 x 5,4 cm) conservée au musée Bonnat à Bayonne,

– une étude à la plume et encre brune sur pointe de métal (17,4 x 6,3 cm), provenant de la collection Robert-Dumesnil et conservée au Kunsthalle de Hambourg.

Ce troisième dessin que l’on peut dater des années 1480 est de loin le plus abouti des ébauches maintenant connues. Il atteint un paroxysme d’agitation et permet d’imaginer la peinture à laquelle ce projet aurait pu donner lieu mais qui n’a probablement jamais été réalisée par Léonard lui-même.

Les cheveux agités par le vent dans le sens ascendant vers la gauche rendent palpable le souf e de l’air, la présence divine. Ainsi Léonard réussit dans son dessin la symbiose des éléments divins avec la peur de la souffrance dans la chair du martyr (Sébastien est représenté dans ce dessin avant d’être transpercé par des èches). Les yeux grands ouverts de Sébastien paraissent pleins de résignation, et la bouche entrouverte nous interroge sur l’insondable mystère du passage de vie à trépas.

Au verso, gurent deux schémas scienti ques, l’un sur les ombres portées d’une bougie et l’autre sur l’effet des rayons lumineux

et ombreux derrière un obstacle3. Deux annotations fragmentaires, autographes et spéculaires, en distiques caractéristiques de Léonard de Vinci complètent ces schémas :

Quella . parti della parieti (che) / Che da magiori . soma . di angilu / Quella parti . della (…) sra pi / Che dapiu . grosso . angulo . luminoso.

Le Docteur Carmen C. Bambach, Conservatrice du Département des Dessins et Estampes au Metropolitan Museum de New-York, spécialiste de l’œuvre de Léonard de Vinci, commente cette exceptionnelle découverte :

“ (..) Il s’agit d’une découverte passionnante ; une authentique feuille recto-verso de Léonard de Vinci (1452-1519) : au recto, la représentation en pied du martyr Saint Sébastien ligoté à un arbre dans un paysage, au verso des notes et des diagrammes relatifs à l’ombre et la lumière, dans le cadre de l’étude de Léonard sur l’optique.”

Dans le catalogue de l’exposition de 2003 du Metropolitan Museum of Art of New York «Leonardo da Vinci Master Draftsman» le Docteur Bambach a publié et commenté les dessins des deux autres Saint Sébastien, conservés à Bayonne et Hambourg,

Dans une publication scientfique à paraître prochainement, le Docteur Bambach commentera cette découverte et les perspectives nouvelles qu’elle offre en matière de recherche historique, artistique et scienti que.

LÉONARD DE VINCI
(Vinci 1452 – Cloux 1519 )
Recto : Étude pour un Saint Sébastien dans un paysage.
Verso : Deux schémas scientifiques, l’un sur les ombres portées d’une bougie et l’autre sur l’effet des rayons lumineux et ombreux derrière un obstacle accompagné de deux annotations spéculaires1 autographes en distiques. Plume ne et encre brune avec reprises à la plume de roseau et encre brune plus dense, crayon noir et estompe de crayon noir ; trait d’encadrement à la plume et encre brune.
19,3 x 13 cm – Estimation sur demande.
Provenance : Collection particulière, France, resté dans la même famille depuis la première partie du XXe siècle.

Nous retrouvons une trace de ces deux distiques partiels dans l’œuvre ultérieure de Léonard.

Dans le Manuscrit C (vers 1490) conservé à la Bibliothèque de l’Institut de France (Inventaire 2174), le folio 4 recto comporte le même schéma que celui de notre verso remis au propre, sur l’effet des rayons lumineux et ombreux derrière un obstacle3. Léonard pose comme principe : “ Quanto maggiore a il corpo luminoso, tanto piu ‘l <con>corso delli ombrosi e luminosi razzi a insieme misto” (Plus le corps lumineux est grand, plus les surfaces frontalières de l’ombre et des rayons lumineux se mélangent).

Le folio 8 verso reprend la même idée en ajoutant un mur dans le fond pour renvoyer la lumière4. Le principe que Léonard pose en rapport avec ce schéma se rapproche du texte parcellaire de notre verso :

“ Quella parte della pariete a piu oscura o luminosa, che da piu grosso angolo oscuro o luminoso oscurata o alluminata fia.” (Selon la grandeur lumineuse ou obscure de l’angle d’exposition, une partie du mur sera plus sombre ou plus lumineuse). Cet axiome et le précédent trouveront leur aboutissement dans le Traité de la Peinture, aux chapitres consacrés aux re ets (Ch. 80 à 84), où sont étudiés les interférences et les interactions entre les sources lumineuses et leur ré échissement.

DATATION PROBABLE DU DESSIN

Selon Carmen C. Bambach, le dessin de Hambourg date de la fin de la première période orentine de l’artiste, vers 1478 – 1483. On peut dater notre dessin de la même période. Les schémas au verso pourraient être postérieurs mais ils semblent être des idées préliminaires éparses, dessinées sans l’aide d’une mise au point précise comme dans le manuscrit C, commencé le 23 avril 1490, où Léonard trace parfois les schémas à l’aide d’un compas muni d’une pointe métallique, sur laquelle il repasse ensuite à la plume et encre brune 6.

Le style graphique rappelle les études préparatoires pour l’Adoration des Mages datables de la même période. On peut d’ailleurs rapprocher la pose de ce Saint Sébastien d’une étude de gure en rapport avec la gure perchée en haut de l’escalier sur les ruines de l’édi ce derrière l’adoration7, sur une feuille d’études conservée à l’École des Beaux-Arts8.

1  Écriture dans laquelle les lettres ou les mots se suivent de droite à gauche pour être lisibles dans le re et d’un miroir

2  Bibliothèque Ambrosiana à Milan

3  Voir Zöllner, «Léonard de Vinci, Tout l’œuvre peint et graphique», Taschen, réédition de 2015, p.676, g.64

4  Voir le fac-similé publié en 1987, ed. Giunti Barbera, Firenze, avec une traduction diplomatique et critique de Augusto Marinoni

5  Voir Léonard de Vinci, Trattato della Pittura – Traité de la Peinture, Clamecy, éd. Les Belles Lettres, 2012

6  Voir Pietro C.Marani in «Léonard de Vinci, Dessins et manuscrits», Paris, Louvre, 2003, ed. RMN, catalogue d’exposition sous la direction de Françoise Viatte, pp.397-399

7  Opus cité supra, n°27, repr. p.115.

8  Inventaire 424

A PROPOS DE TAJAN

La maison de vente Tajan, créée il y a une trentaine, est une société de ventes volontaires de renommé internationale. Située dans un très bel espace Art Déco, au 37 de la rue des Mathurins à Paris, elle est présidée par Madame Rodica Seward, Américaine, passée du monde de la nance à celui de l’art. Depuis plus de dix ans, Tajan a su développer son outil Internet a n d’élargir sa clientèle à l’international, ce qui lui a permis de vendre à des clients de 67 nationalités différentes en 2015. Répartis en départements représentant une vingtaine de spécialités, conseillés par des experts et des spécialistes, Tajan S.A. organise plus de 60 ventes aux enchères par an et est considérée comme l’un des acteurs marquants du marché de l’art français. Notre savoir-faire est particulièrement reconnu dans des domaines variés tel que les Arts Décoratifs du XXe siècle et le Design, les Bijoux, les Tableaux et Dessins Anciens, les Arts d’Asie et d’Orient, l’Art Contemporain, les Vins et Spiritueux…

Le cabinet de Bayser, Expert en dessins anciens et modernes mondialement reconnu, accompagne Tajan depuis ses débuts a n de proposer plusieurs ventes annuelles sur ce thème.

     
Romain Monteaux-Sarmiento Thaddée Prate

CONTACTS :
monteauxsarmiento-r@tajan.com
+33 1 53 30 30 68
prate-t@tajan.com
+33 1 53 30 30 47

37 rue des Mathurins
75008 Paris
T. +33 1 53 30 30 30
www.tajan.com

     
Source : Service de Presse TAJAN SA